EL AMANTE JAPONÉS - Isabel ALLENDE - 39 / EL AMANTE JAPONÉS.
Difficulty: Medium    Uploaded: 3 weeks, 3 days ago by Macael     Last Activity: 14 hours ago
28% Upvoted
5% Translated but not Upvoted
248 Units
33% Translated
28% Upvoted
L'amant japonais.

Le vendredi, Irina Bazili arriva de bonne heure à Lark House pour voir comment allait Alma avant de commencer sa journée.
Alma n'avait plus besoin d'elle pour s'habiller, mais elle appréciait que la jeune fille vienne dans son appartement pour partager la première tasse de thé de la journée.
— Marie-toi avec mon petit-fils, Irina ; tu nous rendras à tous, les Belasco, un grand service », répéta-t-elle.
Irina aurait dû lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas surmonter la terreur du passé, mais elle ne pouvait pas parler de tout cela sans se sentir mourir de honte.
Comment pouvait-elle expliquer à la grand-mère que les souvenirs douloureux, tapis dans sa mémoire, revenaient à la surface quand elle allait faire l'amour avec son petit-fils.
Seth comprenait bien qu'elle n'était pas prête à en parler et il cessa d'insister pour qu'elle consulte un psychiatre ; pour le moment il se contentait d'être son confident.
Ils pouvaient attendre. Irina lui avait proposé un remède de cheval :
visionner ensemble les vidéos de son beau-père, qui devaient encore traîner par ci par là et qui la feraient souffrir jusqu'à la fin de ses jours,

mais Seth avait trop peur que, libérées, ces créatures perverses ne deviennent incontrôlables.
Lui préférait plutôt à y aller progressivement, avec amour et humour, si bien qu'ils faisaient comme une danse, deux pas en avant, un pas en arrière ;
déjà ils dormaient dans le même lit et il leur arrivait de s'éveiller dans les bras l'un de l'autre.
Ce matin là, Irina n'avait pas trouvé Alma dans son appartement,
ni le sac de voyage de ses sorties secrètes ni ses chemises de nuit en soie.
Et cette fois, le portrait d'Ichimei avait également disparu.
Elle pensa que sa voiture ne serait pas sur le parking et elle ne s'inquiéta pas, car Alma était maintenant solide sur ses jambes et elle supposa qu'Ichimei l'attendrait. Elle ne serait pas seule.
Le samedi elle n'était pas de service à Lark House, ce pourquoi elle avait somnolé jusqu'à 9 heures,
un luxe qu'elle pouvait s'offrir le week end depuis qu'elle vivait avec Seth et qu'elle avait arrêté le toilettage de chiens.
Il l'avait réveillée avec un bon bol de café au lait et il s'était assis près d'elle pour planifier leur journée. Il arrivait de la salle de sport, douché, les cheveux humides et encore tout excité par les exercices,
sans imaginer une seconde que ce jour là il ne planifierait rien avec Irina ; ce serait un jour d'adieu.
Le téléphone sonna à ce moment là ; c'était Larry Belasco qui annonçait à son fils que la voiture de sa grand-mère avait glissé sur un chemin de campagne et qu'elle était tombée dans un ravin, quinze mètres plus bas.
— Elle est en soins intensifs à l'hôpital Général de Marin, dit-il... — Grave ? demanda Seth, atterré.
— Oui. Sa voiture est complétement foutue. J'ignore ce que ma mère était allé faire dans pareil endroit.
— Elle était seule, papa ?
— Oui.
A l'hôpital ils trouvèrent Alma consciente et lucide, malgré les drogues en intraveineuse qui, d'après le médecin, auraient assommé un boeuf.
Elle avait pris l'impact de l'accident de plein fouet. Dans une voiture plus grosse les dégâts auraient peut-être été moindres, mais la petite Smart vert citron s'était désintégrée et Alma, la ceinture de sécurité attachée, avait été écrasée.
Tandis que le reste de la famille Belasco se lamentait dans la salle d'attente, Larry expliqua à Seth qu'il y avait peut-être une mesure extrême à prendre :
faire une incision à Alma, remettre les organes en place et drainer la plaie plusieurs jours, jusqu'à la disparition de l'inflammation et pouvoir réintervenir. On pourrait ensuite réduire les fractures. Le risque, énorme chez une personne jeune, était bien plus important chez une personne de plus de quatre-vingt ans, comme Alma ; le chirurgien qui l'avait reçue à l'hôpital n'osait pas le prendre.
Catherine Hope, accourue immédiatement avec Lenny Beal, estimait qu’une telle intervention serait cruelle et inutile;
il fallait seulement soulager Alma le plus possible en attendant une fin qui ne saurait tarder. Irina laissa la famille discuter avec Cathy de l'idée de la transférer à San Francisco, où il y avait plus de moyens, et elle entra discrètement dans la chambre d'Alma.
— Vous avez mal ? lui demanda-t-elle dans un murmure. Voulez-vous que j'appelle Ichimei ?
Alma était sous oxygène, mais elle pouvait respirer et elle lui demanda de se rapprocher d'un geste lent. Irina ne voulait pas penser au corps blessé sous une coque recouverte par un drap ; elle se concentra sur le visage, resté intact et qui semblait embelli.
— Kirsten, balbutia Alma.
— Voulez-vous que j'aille chercher Kirsten ? lui demanda Irina, surprise.
— Et dis-leur de ne pas me toucher, ajouta Alma d'une voix claire, et elle ferma les yeux, épuisée.
Seth appela le frère de Kirsten et il l'emmena à l'hôpital dans l'après-midi. Cette dernière s'assit sur la seule chaise de la chambre d'Alma,
attendant calmement des instructions, comme elle le faisait dans l'atelier auparavant, avant de travailler avec Catherine Hope dans la clinique de la douleur. À un moment, avec les derniers rayons de soleil, Alma sortit de sa léthargie due aux médicaments Elle observa ceux qui l'entouraient, essayant de les reconnaître : sa famille, Irina, Lenny, Cathy, et elle sembla réagir a la vue de Kirsten. Celle-ci s'approcha du lit, lui prit la main qui n'était pas reliée à la perfusion et lui fit des bises humides des doigts jusqu'au coude ; angoissée, elle lui demandait si elle était malade, si elle allait aller mieux, et elle répétait qu'elle l'aimait beaucoup. Larry essaya de l'éloigner, mais Alma lui indiqua faiblement qu'on les laisse seules.
Larry, Doris et Seth se relayèrent les deux premières nuits, et Irina, comprenant qu'ils étaient à bout de forces, se proposa de veiller Alma la troisième nuit. Alma n'avait pas prononcé un mot depuis la visite de Kirsten et restait endormie, haletante comme un chien fatigué, se détachant de la vie. Ce n'est pas facile de vivre et pas facile de mourir, pensa Irina. Le médecin assurait qu'elle ne souffrait pas, elle était sous une forte dose de calmants.
À une certaine heure, les bruits de l'appartement commencèrent à s'estomper. La pièce était plongée dans une pénombre apaisante, mais les couloirs étaient toujours éclairés par des lampes puissantes et par la lumière bleue des ordinateurs du poste des infirmières. Le bourdonnement de l'air conditionné, la respiration forcée d'Alma et de temps en temps des pas ou des voix discrètes de l'autre côté de la porte étaient les seuls bruits qu'Irina percevait.
On lui avait donné une couverture et un coussin pour qu'elle s'installe le mieux possible, mais il faisait chaud et il était impossible de dormir sur la chaise. Elle s'assit parterre, s'appuya sur le mur et pensa à Alma, qui trois jours plus tôt était encore une femme passionnée qui était sortie en toute hâte pour rencontrer son amant et qui maintenant était moribonde, dans ce dernier lit. Dans un bref moment de conscience, avant de retomber dans la torpeur et les hallucinations des drogues,
Alma la pria de lui mettre du rouge à lèvres, car Ichimei viendrait la chercher.
Irina ressentit un terrible chagrin, une vague d’amour pour cette merveilleuse vieille femme, l'affection d'une petite-fille, d'une fille, d'une sœur, d'une amie, tandis que des larmes coulaient sur ses joues et mouillaient son cou et son chemisier.
Il souhaitait qu'Alma parte une fois pour toutes pour mettre fin à sa souffrance mais tout en voulant qu'elle ne parte jamais, que ses organes et ses os brisés se réparent par l'action divine, qu'elle resuscite et quelles puissent revenir ensemble à Lark House et y reprendre leur vie d'avant. Le dedicaría más tiempo, la acompañaría más, le arrancaría sus secretos del escondite donde los guardaba,. le conseguiría otro gato igual que Neko y se las arreglaría para que tuviera gardenias frescas todas las semanas, sin decirle quién se las enviaba. Sus ausentes acudieron en tropel a acompañarla en su pena:. sus abuelos color tierra, Jacques Devine y su escarabajo de topacio,. los ancianos fallecidos en Lark House durante los tres años que había trabajado allí,. Neko con su cola torcida y su ronroneo satisfecho, incluso su madre,. Radmila, a quien ya había perdonado y de quien no había oído nada en muchos años. Quiso tener a Seth a su lado en ese momento, para presentarle a los personajes que no conocía de ese elenco y descansar aferrada a su mano. Se adormeció en la nostalgia y la tristeza, encogida en su rincón.
No oyó a la enfermera que entraba regularmente a controlar el estado de Alma, ajustar el goteo y la aguja, tomarle la temperatura y la presión, administrarle los sedantes.
En la hora más oscura de la noche, la hora misteriosa del tiempo delgado,. cuando el velo entre este mundo y el de los espíritus suele descorrerse,. llegó por fin el visitante que Alma estaba esperando. Entró sin ruido, con zapatillas de goma, tan tenue, que Irina no habría despertado sin el gemido ronco de Alma al sentirlo cerca. ¡Ichi! Estaba junto a la cama, inclinado sobre ella,. pero Irina, que sólo podía ver su perfil, lo habría reconocido en cualquier parte, en cualquier momento, porque también lo estaba esperando. Era como lo había imaginado cuando estudiaba su retrato en el marco de plata,. de mediana estatura y hombros fuertes, el pelo rígido y gris, la piel verdosa por la luz del monitor, el rostro noble y sereno. ¡Ichimei! Le pareció que Alma abría los ojos y repetía el nombre,. pero no estaba segura y comprendió que en esa despedida debían estar solos. Se levantó con prudencia, para no molestarlos,. y se deslizó fuera de la habitación, cerrando la puerta a sus espaldas. Esperó en el pasillo, paseando para desentumecer las piernas dormidas,. bebió dos vasos de agua de la fuente cerca del ascensor, después regresó a su puesto de centinela junto a la puerta de Alma.
A las cuatro de la madrugada llegó la enfermera de turno, una negra grande que olía a pan fragante,. y se encontró con Irina bloqueando la entrada. «Por favor, déjelos solos un rato más»,. le suplicó la joven y procedió a hablarle atropelladamente del amante que había acudido a acompañar a Alma en ese último trance. No podían interrumpirlos. «A esta hora no hay visitantes»,. replicó la enfermera, extrañada, y sin más apartó a Irina y abrió la puerta. Ichimei se había ido y el aire de la habitación estaba lleno de su ausencia.
Alma se había ido con él.
Velaron en privado a Alma durante algunas horas en la mansión de Sea Cliff, donde había vivido casi toda su vida. Su sencillo ataúd de pino fue colocado en el comedor de los banquetes, alumbrado por dieciocho velas en las mismas menorahs de plata maciza que la familia usaba en las celebraciones tradicionales. Aunque no eran observantes, los Belasco se ciñeron a los ritos funerarios de acuerdo con las instrucciones del rabino. Alma había dicho en muchas ocasiones que quería salir de la cama al cementerio, nada de ritos en la sinagoga. Dos mujeres piadosas del Chaves Kadisha lavaron el cuerpo y lo vistieron con la humilde mortaja de lino blanco sin bolsillos,. que simboliza la igualdad en la muerte y el abandono de todos los bienes materiales.
Irina, como una sombra invisible, participó en el duelo detrás de Seth,.
que parecía atontado de dolor, incrédulo ante el súbito abandono de su abuela inmortal. Alguien de la familia estuvo junto a ella hasta el momento de llevársela al cementerio,. para darle tiempo al espíritu de desprenderse y despedirse. No hubo flores, que se consideran frívolas, pero ella llevó una gardenia al cementerio, donde el rabino dirigió una breve oración:. Dayan Ha’met , Bendito es el Juez de la Verdad. Bajaron el ataúd a la tierra, junto a la tumba de Nathaniel Belasco,. y cuando los familiares se acercaron a cubrirlo con puñados de tierra, Irina dejó caer la gardenia sobre su amiga. Esa noche comenzó el shiva , los siete días de duelo y retiro. En un gesto inesperado, Larry y Doris le pidieron a Irina que se quedara con ellos para consolar a Seth. Como los demás en la familia, Irina se puso un trozo de tela desgarrada, símbolo del duelo, en el pecho.
Al séptimo día, después de haber recibido a la fila de visitantes que llegaban a presentar sus condolencias todas las tardes,. los Belasco recuperaron el ritmo habitual y cada uno volvió a sus vidas. Al cumplirse un mes del funeral, encenderían una vela en nombre de Alma y al cabo de un año habría una ceremonia simple para poner una placa con su nombre en la tumba.
Para entonces la mayor parte de la gente que la había conocido pensaría poco en ella;.
Alma viviría en sus telas pintadas, en la memoria obsesiva de su nieto Seth y en los corazones de Irina Bazili y de Kirsten, quien nunca llegaría a comprender dónde se había ido.
Durante el shiva , Irina y Seth aguardaron con impaciencia que se presentara Ichimei Fukuda, pero transcurrieron los siete días sin verlo.
Lo primero que hizo Irina después de esa semana de duelo ritual fue ir a Lark House a recoger las cosas de Alma. Había obtenido permiso de Hans Voigt para ausentarse por unos días, pero pronto debía reincorporarse al trabajo. El apartamento estaba tal cual lo dejó Alma, porque Lupita Farías decidió no hacer aseo hasta que la familia lo abandonara. Los escasos muebles, comprados para ese espacio reducido con ánimo utilitario, más que decorativo, irían a dar a la Tienda de los Objetos Olvidados,. excepto el sillón color albaricoque, donde habían transcurrido los últimos años del gato, que Irina decidió dar a Cathy porque siempre le había gustado. Puso la ropa en maletas, los pantalones anchos, las túnicas de lino, los chalecos largos de lana de vicuña, las bufandas de seda,. preguntándose quién heredaría todo eso, deseando ser alta y fuerte como Alma para usar su ropa, ser como ella para pintarse los labios rojos y perfumarse con su colonia viril de bergamota y naranja. El resto lo puso en cajas, que el chofer de los Belasco recogería más tarde. Allí estaban los álbumes que resumían la vida de Alma, documentos, algunos libros, el cuadro lúgubre de Topaz y muy poco más. Se dio cuenta de que Alma había preparado su partida con la seriedad que la caracterizaba, se había desprendido de lo superfluo para quedarse sólo con lo indispensable, había puesto en orden sus pertenencias y sus recuerdos. En la semana del shiva Irina había tenido tiempo de llorarla, pero en esa tarea de acabar con su presencia en Lark House volvió a despedirse; fue como enterrarla de nuevo. Acongojada, se sentó en medio de las cajas y maletas y abrió el bolso que Alma siempre llevaba en sus escapadas,. que la policía recuperó del Smartcar destrozado y que ella trajo del hospital. Dentro estaban sus camisas finas, su loción, sus cremas, un par de mudas y el retrato de Ichimei en el marco de plata. El vidrio estaba partido. Con cuidado retiró los pedazos y sacó la fotografía, despidiéndose también de ese enigmático amante. Y entonces le cayó en el regazo una carta, que Alma había guardado detrás de la fotografía.
En eso estaba, cuando alguien empujó la puerta entreabierta y asomó tímidamente la cabeza. Era Kirsten. Irina se puso de pie y la mujer la abrazó con el entusiasmo que siempre ponía en sus saludos.
—¿Dónde está Alma? —preguntó.
—En el cielo —fue la única respuesta que se le ocurrió a Irina.
—¿Cuándo vuelve?
—No va a volver, Kirsten.
—¿Nunca más?
—No.
Una sombra de tristeza o preocupación pasó fugazmente por el rostro inocente de Kirsten. Se quitó los lentes, los limpió con el borde de su camiseta, volvió a ponérselos y acercó la cara a Irina, para verla mejor.
—¿Prometes que no va a volver?
—Te lo prometo. Pero aquí tienes muchos amigos, Kirsten, todos te queremos mucho.
La mujer le hizo una seña de que esperara y se alejó por el pasillo con su bamboleo de pies planos en dirección a la casa del magnate del chocolate, donde estaba la clínica del dolor. Regresó a los quince minutos con su mochila a la espalda, jadeando por la prisa, que su corazón demasiado grande no soportaba bien. Cerró la puerta del apartamento, le puso el cerrojo, corrió las cortinas con sigilo y le hizo a Irina el gesto de callar con un dedo en los labios. Finalmente le pasó su mochila y aguardó con las manos en la espalda y una sonrisa de complicidad, balanceándose en los talones. «Para ti», le dijo.
Irina abrió la mochila, vio los paquetes sujetos con elásticos y supo de inmediato que eran las cartas que Alma había recibido regularmente y que tanto habían buscado Seth y ella, las cartas de Ichimei. No estaban perdidas para siempre en la caja de seguridad de un banco, como habían temido, sino en el lugar más seguro del mundo, la mochila de Kirsten. Irina comprendió que Alma, al verse moribunda, había relevado a Kirsten de la responsabilidad de guardarlas y le indicó a quién entregárselas. ¿Por qué a ella? ¿Por qué no a su hijo o a su nieto, sino a ella? Lo interpretó como el mensaje póstumo de Alma, su manera de decirle cuánto la quería, cuánto confiaba en ella. Sintió que algo dentro del pecho se le rompía con el sonido de un cántaro de greda al quebrarse y su corazón agradecido crecía, se ensanchaba, palpitaba como una anémona translúcida en el mar. Ante esa prueba de amistad se supo respetada como en los tiempos de la inocencia;. los engendros de su pasado empezaron a retroceder y el espantoso poder de los vídeos de su padrastro se fue reduciendo a su dimensión real: carroña para seres anónimos, sin identidad ni alma, impotentes.

—Dios mío, Kirsten. Imagínate, llevo más de media vida con miedo de nada.
—Para ti —repitió Kirsten, señalando el contenido de su mochila volcado en el suelo.
Esa tarde, cuando Seth regresó a su apartamento, Irina le echó los brazos al cuello y lo besó con una alegría nueva, que en esos días de duelo parecía poco apropiada.
—Tengo una sorpresa para ti, Seth —le anunció.
—Yo también. Pero dame la tuya primero.
Impaciente, Irina lo guió a la mesa de granito de la cocina, donde estaban los paquetes de la mochila.
—Son las cartas de Alma. Te estaba esperando para abrirlas.
Los paquetes estaban marcados del uno al once. Contenían diez sobres cada uno, excepto el primero, con seis cartas y algunos dibujos. Se sentaron en el sofá y les echaron una ojeada en el orden en que su dueña los había dejado. Eran ciento catorce misivas, algunas breves, otras más extensas, unas más informativas que otras, firmadas simplemente Ichi. Las del primer sobre, escritas a lápiz en hojas de cuaderno, con letra infantil, eran de Tanforan y Topaz y estaban tan censuradas que se perdía el significado. En los dibujos ya se vislumbraba el estilo depurado de trazos firmes del cuadro que había acompañado a Alma en Lark House. Se necesitarían varios días para leer esa correspondencia, pero en el repaso somero que hicieron vieron que el resto de las cartas estaba fechado en distintos momentos a partir de 1969;. eran cuarenta años de correspondencia irregular con una constante: eran mensajes de amor.
—También encontré una carta fechada en enero de 2010 detrás del retrato de Ichimei. Pero todas estas cartas son antiguas y están dirigidas a la casa de los Belasco en Sea Cliff. ¿Dónde están las que recibió en Lark House en los últimos tres años?
—Creo que son éstas, Irina.
—No te entiendo.
—Mi abuela coleccionó durante una vida las cartas de Ichimei que recibía en Sea Cliff, porque allí vivió siempre. Después, cuando se trasladó a vivir a Lark House, comenzó a enviarse las cartas a sí misma cada cierto tiempo, una a una, en los sobres amarillos que tú y yo vimos.
Las recibía, las leía y las atesoraba como si fueran frescas.
—¿Por qué iba a hacer algo así, Seth? Alma estaba en sus cabales.
Nunca dio muestras de senilidad.
—Eso es lo extraordinario, Irina. Lo hizo con plena consciencia y con sentido práctico para mantener viva la ilusión del gran amor de su vida.
Esa vieja, que parecía hecha de material blindado, en el fondo era una incurable romántica. Estoy seguro de que también se enviaba las gardenias semanales y que sus escapadas no eran con su amante; se iba sola a la cabaña de Point Reyes a revivir los encuentros del pasado,. a soñarlos, ya que no podía compartirlos con Ichimei.
—¿Por qué no? Venía de estar allí con él cuando ocurrió el accidente.
Ichimei fue al hospital a despedirse de ella, lo vi besarla, sé que se amaban, Seth.
—No puedes haberlo visto, Irina. Me extrañó que ese hombre no se diera por enterado del fallecimiento de mi abuela, .ya que la noticia salió en los periódicos. Si la quería tanto como creemos, tendría que haberse presentado en el funeral o habernos dado sus condolencias en el shiva .
Decidí buscarlo hoy mismo, quería conocerlo y salir de algunas dudas sobre mi abuela. Fue muy fácil, sólo tuve que presentarme en el vivero de los Fukuda.
—¿Todavía existe?
—Sí. Lo maneja Peter Fukuda, uno de los hijos de Ichimei. Cuando le dije mi apellido me recibió muy bien, porque sabía de la familia Belasco, y fue a llamar a su madre, Delphine. La señora es muy amable y bonita, tiene uno de esos rostros asiáticos que parecen no envejecer.
—Es la esposa de Ichimei. Alma nos contó que la conoció en el funeral de tu bisabuelo.
—No es la esposa de Ichimei, Irina, es la viuda. Ichimei murió de un infarto hace tres años.
—¡Eso es imposible, Seth! —exclamó ella.
—Murió más o menos en la época en que mi abuela se fue a vivir a Lark House. Tal vez ambas cosas están relacionadas. Creo que esa carta de 2010, la última que Alma recibió, fue su despedida.
—¡Yo vi a Ichimei en el hospital!
—Viste lo que deseabas ver, Irina.
—No, Seth. Estoy segura de que era él. Esto es lo que sucedió:. de tanto amar a Ichimei, Alma logró que viniera a buscarla.
unit 1
El amante japonés.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 6 days, 15 hours ago
unit 4
«Cásate con mi nieto, Irina; nos harías un favor a todos los Belasco», le repetía.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 12 hours ago
unit 7
asomaban sus cabezas de lagarto cuando se disponía a hacer el amor con su nieto.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 15 hours ago
unit 9
por el momento era suficiente con que él fuera su confidente.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 15 hours ago
unit 10
Podían esperar.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 15 hours ago
unit 11
Irina le había propuesto una cura de caballo:.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 15 hours ago
unit 13
pero Seth temía que, una vez sueltas, esas criaturas retorcidas serían incontrolables.
2 Translations, 2 Upvotes, Last Activity 5 days, 6 hours ago
unit 15
ya dormían en la misma cama y a veces amanecían abrazados.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 15 hours ago
unit 16
Esa mañana Irina no había encontrado a Alma en su apartamento,.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 5 hours ago
unit 17
ni el bolso de sus salidas secretas o sus camisas de dormir de seda.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 6 hours ago
unit 18
Por una vez, tampoco estaba el retrato de Ichimei.
2 Translations, 2 Upvotes, Last Activity 5 days, 5 hours ago
unit 20
No andaría sola.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 12 hours ago
unit 21
El sábado no tenía turno en Lark House y se quedó dormitando hasta las nueve,.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 5 days, 5 hours ago
unit 22
unit 23
unit 24
Venía del gimnasio, recién duchado, con el pelo húmedo y todavía agitado por el ejercicio,.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 25
sin imaginar que ese día no tendría planes con Irina, sería un día de despedida.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 27
—Está en la unidad de cuidados intensivos del Hospital General de Marin —dijo.. —¿Grave?
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 28
—preguntó Seth, aterrado.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 29
—Sí.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 30
Su coche quedó totalmente destrozado.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 31
No sé qué andaba haciendo mi madre por esos sitios.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 32
—¿Iba sola, papá?
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 33
—Sí.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 35
Había recibido el impacto del accidente sin una defensa.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 15 hours ago
unit 39
Después se podría pensar en operar los huesos rotos.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 41
el cirujano que la recibió en el hospital no se atrevía a intentarlo.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 14 hours ago
unit 43
sólo cabía mantener a Alma lo más cómoda posible y esperar su fin, que no iba a tardar.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 13 hours ago
unit 45
—¿Tiene dolor?
2 Translations, 2 Upvotes, Last Activity 3 days, 3 hours ago
unit 46
—le preguntó en un susurro—.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 47
¿Quiere que llame a Ichimei?.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 48
unit 50
—Kirsten —balbuceó Alma.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 51
—¿Quiere que busque a Kirsten?
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 52
—le preguntó Irina, sorprendida.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 53
—Y diles que no me toquen —agregó Alma claramente antes de cerrar los ojos, exhausta.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 54
Seth llamó al hermano de Kirsten y esa misma tarde él la llevó al hospital.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 55
La mujer se sentó en la única silla de la habitación de Alma,.
2 Translations, 2 Upvotes, Last Activity 3 days, 3 hours ago
unit 57
antes de trabajar con Catherine Hope en la clínica del dolor.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 3 days, 5 hours ago
unit 58
unit 59
Recorrió con la vista a quienes estaban a su alrededor, esforzándose por reconocerlos:.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 2 days, 13 hours ago
unit 60
su familia, Irina, Lenny, Cathy, y pareció animarse cuando su mirada se detuvo en Kirsten.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 2 days, 13 hours ago
unit 62
unit 63
Larry trató de apartarla, pero Alma le indicó débilmente que las dejaran solas.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 2 days, 13 hours ago
unit 66
No es fácil vivir ni es fácil morir, pensó Irina.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 1 day, 15 hours ago
unit 67
El médico aseguraba que no sentía dolor, estaba sedada hasta la médula.
2 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 15 hours ago
unit 68
A cierta hora fueron apagándose los ruidos del piso.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 1 day, 15 hours ago
unit 69
En la habitación reinaba una penumbra apacible,.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 1 day, 15 hours ago
unit 72
Le habían dado una frazada y un cojín para que se acomodara lo mejor posible,.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 15 hours ago
unit 73
pero hacía calor y era imposible dormir en la silla.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 15 hours ago
unit 74
Se sentó en el suelo, apoyada en la pared, pensando en Alma,.
1 Translations, 1 Upvotes, Last Activity 15 hours ago
unit 76
unit 77
Alma le pidió que le pintara los labios, porque Ichimei iría a buscarla.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 14 hours ago
unit 78
Irina sintió un terrible desconsuelo, una oleada de amor por esa vieja estupenda,.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 14 hours ago
unit 81
que se le acomodaran por obra divina los órganos desordenados y los huesos rotos,.
1 Translations, 0 Upvotes, Last Activity 14 hours ago
unit 85
Sus ausentes acudieron en tropel a acompañarla en su pena:.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 86
sus abuelos color tierra, Jacques Devine y su escarabajo de topacio,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 88
Neko con su cola torcida y su ronroneo satisfecho, incluso su madre,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 91
Se adormeció en la nostalgia y la tristeza, encogida en su rincón.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 93
unit 94
unit 95
llegó por fin el visitante que Alma estaba esperando.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 97
¡Ichi!
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 98
Estaba junto a la cama, inclinado sobre ella,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 102
¡Ichimei!
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 103
Le pareció que Alma abría los ojos y repetía el nombre,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 104
unit 105
Se levantó con prudencia, para no molestarlos,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 106
unit 107
Esperó en el pasillo, paseando para desentumecer las piernas dormidas,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 110
y se encontró con Irina bloqueando la entrada.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 111
«Por favor, déjelos solos un rato más»,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 113
No podían interrumpirlos.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 114
«A esta hora no hay visitantes»,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 116
unit 117
Alma se había ido con él.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 124
unit 127
para darle tiempo al espíritu de desprenderse y despedirse.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 129
Dayan Ha’met , Bendito es el Juez de la Verdad.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 130
Bajaron el ataúd a la tierra, junto a la tumba de Nathaniel Belasco,.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 132
Esa noche comenzó el shiva , los siete días de duelo y retiro.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 136
unit 148
unit 155
El vidrio estaba partido.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 159
Era Kirsten.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 161
—¿Dónde está Alma?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 162
—preguntó.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 163
—En el cielo —fue la única respuesta que se le ocurrió a Irina.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 164
—¿Cuándo vuelve?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 165
—No va a volver, Kirsten.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 166
—¿Nunca más?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 167
—No.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 170
—¿Prometes que no va a volver?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 171
—Te lo prometo.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 172
Pero aquí tienes muchos amigos, Kirsten, todos te queremos mucho.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 177
«Para ti», le dijo.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 181
¿Por qué a ella?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 182
¿Por qué no a su hijo o a su nieto, sino a ella?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 187
—Dios mío, Kirsten.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 188
Imagínate, llevo más de media vida con miedo de nada.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 191
—Tengo una sorpresa para ti, Seth —le anunció.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 192
—Yo también.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 193
Pero dame la tuya primero.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 195
—Son las cartas de Alma.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 196
Te estaba esperando para abrirlas.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 197
Los paquetes estaban marcados del uno al once.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 207
unit 208
—Creo que son éstas, Irina.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 209
—No te entiendo.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 212
Las recibía, las leía y las atesoraba como si fueran frescas.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 213
—¿Por qué iba a hacer algo así, Seth?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 214
Alma estaba en sus cabales.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 215
Nunca dio muestras de senilidad.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 216
—Eso es lo extraordinario, Irina.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 220
a soñarlos, ya que no podía compartirlos con Ichimei.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 221
—¿Por qué no?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 222
Venía de estar allí con él cuando ocurrió el accidente.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 224
—No puedes haberlo visto, Irina.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 228
Fue muy fácil, sólo tuve que presentarme en el vivero de los Fukuda.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 229
—¿Todavía existe?
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 230
—Sí.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 231
Lo maneja Peter Fukuda, uno de los hijos de Ichimei.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 234
—Es la esposa de Ichimei.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 235
Alma nos contó que la conoció en el funeral de tu bisabuelo.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 236
—No es la esposa de Ichimei, Irina, es la viuda.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 237
Ichimei murió de un infarto hace tres años.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 238
—¡Eso es imposible, Seth!
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 239
—exclamó ella.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 241
Tal vez ambas cosas están relacionadas.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 242
unit 243
—¡Yo vi a Ichimei en el hospital!
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 244
—Viste lo que deseabas ver, Irina.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 245
—No, Seth.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 246
Estoy segura de que era él.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 247
Esto es lo que sucedió:.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None
unit 248
de tanto amar a Ichimei, Alma logró que viniera a buscarla.
0 Translations, 0 Upvotes, Last Activity None

El amante japonés.

El viernes Irina Bazili llegó temprano a Lark House a echar una mirada
a Alma antes de empezar su jornada.
Alma ya no la necesitaba para vestirse, pero agradecía que la muchacha se asomara en su
apartamento para compartir la primera taza de té del día.
«Cásate con mi nieto, Irina; nos harías un favor a todos los Belasco», le repetía.
Irina habría debido aclararle que no lograba vencer el terror del pasado,
pero no podía mencionar nada de eso sin morirse de vergüenza.
Cómo iba a decirle a la abuela que los engendros de su memoria,
habitualmente agazapados en sus madrigueras,. asomaban sus cabezas
de lagarto cuando se disponía a hacer el amor con su nieto.
Seth entendía que no estaba lista para hablar y dejó de presionarla para que
consultaran a un psiquiatra;. por el momento era suficiente con que él
fuera su confidente.
Podían esperar. Irina le había propuesto una cura
de caballo:.
ver juntos los vídeos filmados por su padrastro, que todavía
andaban por ahí y seguirían haciéndola sufrir hasta el fin de sus días,.

pero Seth temía que, una vez sueltas, esas criaturas retorcidas serían
incontrolables.
La cura de él consistía en ir poco a poco, con amor y
humor, así que iban avanzando en una danza de dos pasos adelante y
uno atrás;.
ya dormían en la misma cama y a veces amanecían
abrazados.
Esa mañana Irina no había encontrado a Alma en su apartamento,.
ni el bolso de sus salidas secretas o sus camisas de dormir de seda.
Por una vez, tampoco estaba el retrato de Ichimei.
Supo que su automóvil no estaría en el estacionamiento y no se alarmó, porque Alma ya se había afirmado en sus piernas y supuso que Ichimei la estaría aguardando. No
andaría sola.
El sábado no tenía turno en Lark House y se quedó dormitando hasta
las nueve,.
lujo que podía darse los fines de semana desde que vivía con
Seth y había dejado de bañar perros.
Él la despabiló con un tazón de café con leche y se sentó a su lado en la cama a planear el día. Venía del gimnasio, recién duchado, con el pelo húmedo y todavía agitado por el
ejercicio,.
sin imaginar que ese día no tendría planes con Irina, sería un
día de despedida.
El teléfono sonó en ese momento con la llamada de
Larry Belasco para anunciarle a su hijo que el coche de la abuela había
patinado en un camino rural y cayó por un barranco de quince metros.
—Está en la unidad de cuidados intensivos del Hospital General de
Marin —dijo..
—¿Grave? —preguntó Seth, aterrado.
—Sí. Su coche quedó totalmente destrozado. No sé qué andaba haciendo
mi madre por esos sitios.
—¿Iba sola, papá?
—Sí.
En el hospital encontraron a Alma consciente y lúcida, a pesar de las
drogas que goteaban en su vena y que, según el médico, habrían
noqueado a un burro.
Había recibido el impacto del accidente sin una defensa. En un vehículo más pesado tal vez el descalabro habría sido menor,
pero el pequeño Smartcar verde limón se desarmó y ella, sujeta
a su asiento por el cinturón de seguridad, quedó aplastada.
Mientras el resto de la familia Belasco se lamentaba en la sala de espera, Larry le
explicó a Seth que existía la posibilidad de una medida extrema:.
abrir a Alma en canal, colocar los órganos desplazados en el sitio
correspondiente y mantenerla abierta varios días, hasta que bajara la
inflamación y se pudiera intervenir. Después se podría pensar en operar
los huesos rotos. El riesgo, enorme en una persona joven, era mucho
mayor en alguien de más de ochenta años, como Alma;. el cirujano que
la recibió en el hospital no se atrevía a intentarlo.
Catherine Hope, que llegó de inmediato con Lenny Beal, opinó que una intervención de esa
magnitud sería cruel e inútil;.
sólo cabía mantener a Alma lo más
cómoda posible y esperar su fin, que no iba a tardar. Irina dejó a la
familia discutiendo con Cathy la idea de trasladarla a San Francisco,
donde había más recursos, y entró sigilosamente a la habitación de
Alma.
—¿Tiene dolor? —le preguntó en un susurro—. ¿Quiere que llame a
Ichimei?.
Alma estaba recibiendo oxígeno, pero respiraba sola, y le hizo un gesto
leve para que se acercara. Irina no quiso pensar en el cuerpo herido
bajo el armazón cubierto por una sábana; se concentró en el rostro, que
estaba intacto y parecía embellecido.
—Kirsten —balbuceó Alma.
—¿Quiere que busque a Kirsten? —le preguntó Irina, sorprendida.
—Y diles que no me toquen —agregó Alma claramente antes de cerrar
los ojos, exhausta.
Seth llamó al hermano de Kirsten y esa misma tarde él la llevó al
hospital. La mujer se sentó en la única silla de la habitación de Alma,.
aguardando instrucciones sin apuro, como había hecho pacientemente
en el taller durante los meses anteriores,. antes de trabajar con
Catherine Hope en la clínica del dolor. En algún momento, con los
últimos rayos de luz en la ventana, Alma volvió del letargo de las
drogas. Recorrió con la vista a quienes estaban a su alrededor,
esforzándose por reconocerlos:. su familia, Irina, Lenny, Cathy, y pareció
animarse cuando su mirada se detuvo en Kirsten. La mujer se acercó a
la cama, le tomó la mano que no estaba conectada al gotero y empezó a
darle besos húmedos desde los dedos hasta el codo,. preguntándole,
angustiada, si estaba enferma, si se iba a mejorar, y repitiendo que la
quería mucho. Larry trató de apartarla, pero Alma le indicó débilmente
que las dejaran solas.
La primera y segunda noche de vigilia se turnaron Larry, Doris y Seth,
pero en la tercera Irina comprendió que la familia estaba en el límite de
sus fuerzas y se ofreció para acompañar a Alma,. que no había vuelto a
hablar desde la visita de Kirsten y permanecía adormilada, jadeando
como perro cansado, desprendiéndose de la vida. No es fácil vivir ni es
fácil morir, pensó Irina. El médico aseguraba que no sentía dolor, estaba
sedada hasta la médula.
A cierta hora fueron apagándose los ruidos del piso. En la habitación
reinaba una penumbra apacible,. pero los pasillos estaban siempre
iluminados por lámparas potentes y el reflejo azul de las computadoras
en la central de las enfermeras. El murmullo del aire acondicionado, la
respiración esforzada de la mujer en la cama y de vez en cuando unos
pasos o voces discretas al otro lado de la puerta, eran los únicos
sonidos que le llegaban a Irina.
Le habían dado una frazada y un cojín para que se acomodara lo mejor posible,. pero hacía calor y era imposible dormir en la silla. Se sentó en el suelo, apoyada en la pared,
pensando en Alma,. que tres días antes era todavía una mujer
apasionada que había salido a toda prisa a encontrarse con su amante y
ahora estaba moribunda en su último lecho. En un breve despertar,
antes de perderse nuevamente en el sopor alucinante de las drogas,.
Alma le pidió que le pintara los labios, porque Ichimei iría a buscarla.
Irina sintió un terrible desconsuelo, una oleada de amor por esa vieja
estupenda,. un cariño de nieta, de hija, de hermana, de amiga, mientras
le corrían lágrimas por las mejillas que le mojaban el cuello y la blusa.
Deseaba que Alma se fuera de una vez para acabar con el sufrimiento y
también deseaba que no se fuera nunca,. que se le acomodaran por obra
divina los órganos desordenados y los huesos rotos,. que resucitara y
pudieran regresar juntas a Lark House y continuar con sus vidas como
antes. Le dedicaría más tiempo, la acompañaría más, le arrancaría sus
secretos del escondite donde los guardaba,. le conseguiría otro gato
igual que Neko y se las arreglaría para que tuviera gardenias frescas
todas las semanas, sin decirle quién se las enviaba. Sus ausentes
acudieron en tropel a acompañarla en su pena:. sus abuelos color tierra,
Jacques Devine y su escarabajo de topacio,. los ancianos fallecidos en
Lark House durante los tres años que había trabajado allí,. Neko con su
cola torcida y su ronroneo satisfecho, incluso su madre,. Radmila, a
quien ya había perdonado y de quien no había oído nada en muchos
años. Quiso tener a Seth a su lado en ese momento, para presentarle a
los personajes que no conocía de ese elenco y descansar aferrada a su
mano. Se adormeció en la nostalgia y la tristeza, encogida en su rincón.
No oyó a la enfermera que entraba regularmente a controlar el estado
de Alma, ajustar el goteo y la aguja, tomarle la temperatura y la
presión, administrarle los sedantes.
En la hora más oscura de la noche, la hora misteriosa del tiempo
delgado,. cuando el velo entre este mundo y el de los espíritus suele
descorrerse,. llegó por fin el visitante que Alma estaba esperando. Entró
sin ruido, con zapatillas de goma, tan tenue, que Irina no habría
despertado sin el gemido ronco de Alma al sentirlo cerca. ¡Ichi! Estaba
junto a la cama, inclinado sobre ella,. pero Irina, que sólo podía ver su
perfil, lo habría reconocido en cualquier parte, en cualquier momento,
porque también lo estaba esperando. Era como lo había imaginado
cuando estudiaba su retrato en el marco de plata,. de mediana estatura y
hombros fuertes, el pelo rígido y gris, la piel verdosa por la luz del
monitor, el rostro noble y sereno. ¡Ichimei! Le pareció que Alma abría
los ojos y repetía el nombre,. pero no estaba segura y comprendió que en
esa despedida debían estar solos. Se levantó con prudencia, para no
molestarlos,. y se deslizó fuera de la habitación, cerrando la puerta a sus
espaldas. Esperó en el pasillo, paseando para desentumecer las piernas
dormidas,. bebió dos vasos de agua de la fuente cerca del ascensor,
después regresó a su puesto de centinela junto a la puerta de Alma.
A las cuatro de la madrugada llegó la enfermera de turno, una negra
grande que olía a pan fragante,. y se encontró con Irina bloqueando la
entrada. «Por favor, déjelos solos un rato más»,. le suplicó la joven y
procedió a hablarle atropelladamente del amante que había acudido a
acompañar a Alma en ese último trance. No podían interrumpirlos. «A
esta hora no hay visitantes»,. replicó la enfermera, extrañada, y sin más
apartó a Irina y abrió la puerta. Ichimei se había ido y el aire de la
habitación estaba lleno de su ausencia.
Alma se había ido con él.
Velaron en privado a Alma durante algunas horas en la mansión de Sea
Cliff, donde había vivido casi toda su vida. Su sencillo ataúd de pino fue
colocado en el comedor de los banquetes, alumbrado por dieciocho
velas en las mismas menorahs de plata maciza que la familia usaba en
las celebraciones tradicionales. Aunque no eran observantes, los
Belasco se ciñeron a los ritos funerarios de acuerdo con las
instrucciones del rabino. Alma había dicho en muchas ocasiones que
quería salir de la cama al cementerio, nada de ritos en la sinagoga. Dos
mujeres piadosas del Chaves Kadisha lavaron el cuerpo y lo vistieron
con la humilde mortaja de lino blanco sin bolsillos,. que simboliza la
igualdad en la muerte y el abandono de todos los bienes materiales.
Irina, como una sombra invisible, participó en el duelo detrás de Seth,.
que parecía atontado de dolor, incrédulo ante el súbito abandono de su
abuela inmortal. Alguien de la familia estuvo junto a ella hasta el
momento de llevársela al cementerio,. para darle tiempo al espíritu de
desprenderse y despedirse. No hubo flores, que se consideran frívolas,
pero ella llevó una gardenia al cementerio, donde el rabino dirigió una
breve oración:. Dayan Ha’met , Bendito es el Juez de la Verdad. Bajaron
el ataúd a la tierra, junto a la tumba de Nathaniel Belasco,. y cuando los
familiares se acercaron a cubrirlo con puñados de tierra, Irina dejó caer
la gardenia sobre su amiga. Esa noche comenzó el shiva , los siete días
de duelo y retiro. En un gesto inesperado, Larry y Doris le pidieron a
Irina que se quedara con ellos para consolar a Seth. Como los demás en
la familia, Irina se puso un trozo de tela desgarrada, símbolo del duelo,
en el pecho.
Al séptimo día, después de haber recibido a la fila de visitantes que
llegaban a presentar sus condolencias todas las tardes,. los Belasco
recuperaron el ritmo habitual y cada uno volvió a sus vidas. Al
cumplirse un mes del funeral, encenderían una vela en nombre de Alma
y al cabo de un año habría una ceremonia simple para poner una placa
con su nombre en la tumba.
Para entonces la mayor parte de la gente que la había conocido pensaría poco en ella;.
Alma viviría en sus telas pintadas, en la memoria obsesiva de su nieto Seth y en los corazones de
Irina Bazili y de Kirsten, quien nunca llegaría a comprender dónde se
había ido.
Durante el shiva , Irina y Seth aguardaron con impaciencia
que se presentara Ichimei Fukuda, pero transcurrieron los siete días sin
verlo.
Lo primero que hizo Irina después de esa semana de duelo ritual fue ir a
Lark House a recoger las cosas de Alma. Había obtenido permiso de
Hans Voigt para ausentarse por unos días, pero pronto debía
reincorporarse al trabajo. El apartamento estaba tal cual lo dejó Alma,
porque Lupita Farías decidió no hacer aseo hasta que la familia lo
abandonara. Los escasos muebles, comprados para ese espacio
reducido con ánimo utilitario, más que decorativo, irían a dar a la
Tienda de los Objetos Olvidados,. excepto el sillón color albaricoque,
donde habían transcurrido los últimos años del gato, que Irina decidió
dar a Cathy porque siempre le había gustado. Puso la ropa en maletas,
los pantalones anchos, las túnicas de lino, los chalecos largos de lana de
vicuña, las bufandas de seda,. preguntándose quién heredaría todo eso,
deseando ser alta y fuerte como Alma para usar su ropa, ser como ella
para pintarse los labios rojos y perfumarse con su colonia viril de
bergamota y naranja. El resto lo puso en cajas, que el chofer de los
Belasco recogería más tarde. Allí estaban los álbumes que resumían la
vida de Alma, documentos, algunos libros, el cuadro lúgubre de Topaz y
muy poco más. Se dio cuenta de que Alma había preparado su partida
con la seriedad que la caracterizaba, se había desprendido de lo
superfluo para quedarse sólo con lo indispensable,
había puesto en orden sus pertenencias y sus recuerdos. En la semana del shiva Irina
había tenido tiempo de llorarla, pero en esa tarea de acabar con su
presencia en Lark House volvió a despedirse; fue como enterrarla de
nuevo. Acongojada, se sentó en medio de las cajas y maletas y abrió el
bolso que Alma siempre llevaba en sus escapadas,. que la policía
recuperó del Smartcar destrozado y que ella trajo del hospital. Dentro
estaban sus camisas finas, su loción, sus cremas, un par de mudas y el
retrato de Ichimei en el marco de plata. El vidrio estaba partido. Con
cuidado retiró los pedazos y sacó la fotografía, despidiéndose también
de ese enigmático amante. Y entonces le cayó en el regazo una carta,
que Alma había guardado detrás de la fotografía.
En eso estaba, cuando alguien empujó la puerta entreabierta y asomó
tímidamente la cabeza. Era Kirsten. Irina se puso de pie y la mujer la
abrazó con el entusiasmo que siempre ponía en sus saludos.
—¿Dónde está Alma? —preguntó.
—En el cielo —fue la única respuesta que se le ocurrió a Irina.
—¿Cuándo vuelve?
—No va a volver, Kirsten.
—¿Nunca más?
—No.
Una sombra de tristeza o preocupación pasó fugazmente por el rostro
inocente de Kirsten. Se quitó los lentes, los limpió con el borde de su
camiseta, volvió a ponérselos y acercó la cara a Irina, para verla mejor.
—¿Prometes que no va a volver?
—Te lo prometo. Pero aquí tienes muchos amigos, Kirsten, todos te
queremos mucho.
La mujer le hizo una seña de que esperara y se alejó por el pasillo con
su bamboleo de pies planos en dirección a la casa del magnate del
chocolate, donde estaba la clínica del dolor. Regresó a los quince
minutos con su mochila a la espalda, jadeando por la prisa, que su
corazón demasiado grande no soportaba bien. Cerró la puerta del
apartamento, le puso el cerrojo, corrió las cortinas con sigilo y le hizo a
Irina el gesto de callar con un dedo en los labios. Finalmente le pasó su
mochila y aguardó con las manos en la espalda y una sonrisa de
complicidad, balanceándose en los talones. «Para ti», le dijo.
Irina abrió la mochila, vio los paquetes sujetos con elásticos y supo de
inmediato que eran las cartas que Alma había recibido regularmente y
que tanto habían buscado Seth y ella, las cartas de Ichimei. No estaban
perdidas para siempre en la caja de seguridad de un banco, como
habían temido, sino en el lugar más seguro del mundo, la mochila de
Kirsten. Irina comprendió que Alma, al verse moribunda, había relevado
a Kirsten de la responsabilidad de guardarlas y le indicó a quién
entregárselas. ¿Por qué a ella? ¿Por qué no a su hijo o a su nieto, sino a
ella? Lo interpretó como el mensaje póstumo de Alma, su manera de
decirle cuánto la quería, cuánto confiaba en ella. Sintió que algo dentro
del pecho se le rompía con el sonido de un cántaro de greda al
quebrarse y su corazón agradecido crecía, se ensanchaba, palpitaba
como una anémona translúcida en el mar. Ante esa prueba de amistad
se supo respetada como en los tiempos de la inocencia;. los engendros de
su pasado empezaron a retroceder y el espantoso poder de los vídeos de
su padrastro se fue reduciendo a su dimensión real: carroña para seres
anónimos, sin identidad ni alma, impotentes.

—Dios mío, Kirsten. Imagínate, llevo más de media vida con miedo de
nada.
—Para ti —repitió Kirsten, señalando el contenido de su mochila volcado
en el suelo.
Esa tarde, cuando Seth regresó a su apartamento, Irina le echó los
brazos al cuello y lo besó con una alegría nueva, que en esos días de
duelo parecía poco apropiada.
—Tengo una sorpresa para ti, Seth —le anunció.
—Yo también. Pero dame la tuya primero.
Impaciente, Irina lo guió a la mesa de granito de la cocina, donde
estaban los paquetes de la mochila.
—Son las cartas de Alma. Te estaba esperando para abrirlas.
Los paquetes estaban marcados del uno al once. Contenían diez sobres
cada uno, excepto el primero, con seis cartas y algunos dibujos. Se
sentaron en el sofá y les echaron una ojeada en el orden en que su
dueña los había dejado. Eran ciento catorce misivas, algunas breves,
otras más extensas, unas más informativas que otras, firmadas
simplemente Ichi. Las del primer sobre, escritas a lápiz en hojas de
cuaderno, con letra infantil, eran de Tanforan y Topaz y estaban tan
censuradas que se perdía el significado. En los dibujos ya se
vislumbraba el estilo depurado de trazos firmes del cuadro que había
acompañado a Alma en Lark House. Se necesitarían varios días para
leer esa correspondencia, pero en el repaso somero que hicieron vieron
que el resto de las cartas estaba fechado en distintos momentos a partir
de 1969;. eran cuarenta años de correspondencia irregular con una
constante: eran mensajes de amor.
—También encontré una carta fechada en enero de 2010 detrás del
retrato de Ichimei. Pero todas estas cartas son antiguas y están
dirigidas a la casa de los Belasco en Sea Cliff. ¿Dónde están las que
recibió en Lark House en los últimos tres años?
—Creo que son éstas, Irina.
—No te entiendo.
—Mi abuela coleccionó durante una vida las cartas de Ichimei que
recibía en Sea Cliff, porque allí vivió siempre. Después, cuando se
trasladó a vivir a Lark House, comenzó a enviarse las cartas a sí misma
cada cierto tiempo, una a una, en los sobres amarillos que tú y yo vimos.
Las recibía, las leía y las atesoraba como si fueran frescas.
—¿Por qué iba a hacer algo así, Seth? Alma estaba en sus cabales.
Nunca dio muestras de senilidad.
—Eso es lo extraordinario, Irina. Lo hizo con plena consciencia y con
sentido práctico para mantener viva la ilusión del gran amor de su vida.
Esa vieja, que parecía hecha de material blindado, en el fondo era una
incurable romántica. Estoy seguro de que también se enviaba las
gardenias semanales y que sus escapadas no eran con su amante; se iba
sola a la cabaña de Point Reyes a revivir los encuentros del pasado,. a
soñarlos, ya que no podía compartirlos con Ichimei.
—¿Por qué no? Venía de estar allí con él cuando ocurrió el accidente.
Ichimei fue al hospital a despedirse de ella, lo vi besarla, sé que se
amaban, Seth.
—No puedes haberlo visto, Irina. Me extrañó que ese hombre no se
diera por enterado del fallecimiento de mi abuela, .ya que la noticia salió
en los periódicos. Si la quería tanto como creemos, tendría que haberse
presentado en el funeral o habernos dado sus condolencias en el shiva .
Decidí buscarlo hoy mismo, quería conocerlo y salir de algunas dudas
sobre mi abuela. Fue muy fácil, sólo tuve que presentarme en el vivero
de los Fukuda.
—¿Todavía existe?
—Sí. Lo maneja Peter Fukuda, uno de los hijos de Ichimei. Cuando le
dije mi apellido me recibió muy bien, porque sabía de la familia Belasco,
y fue a llamar a su madre, Delphine. La señora es muy amable y bonita,
tiene uno de esos rostros asiáticos que parecen no envejecer.
—Es la esposa de Ichimei. Alma nos contó que la conoció en el funeral
de tu bisabuelo.
—No es la esposa de Ichimei, Irina, es la viuda. Ichimei murió de un
infarto hace tres años.
—¡Eso es imposible, Seth! —exclamó ella.
—Murió más o menos en la época en que mi abuela se fue a vivir a Lark
House. Tal vez ambas cosas están relacionadas. Creo que esa carta de
2010, la última que Alma recibió, fue su despedida.
—¡Yo vi a Ichimei en el hospital!
—Viste lo que deseabas ver, Irina.
—No, Seth. Estoy segura de que era él. Esto es lo que sucedió:. de tanto
amar a Ichimei, Alma logró que viniera a buscarla.